Les réseaux d'alignements

  Ayant découvert que les observations de soucoupes volantes d'une même journée s'alignaient, Aimé Michel commença à recenser ces alignements. Dans son livre, il procède chonologiquement. Le chapitre L'orchestre s'accorde, ne mentionne pas d'alignements. Mais dans le chapitre suivant, crescendo, sa première carte d'alignements (par Jean Latappy) fait fort: deux alignements dont un de six points!

  La deuxième carte est moins convaincante: un minable alignement de trois points, dont le troisième pourrait correspondre à l'observation d'un vol d'étourneaux à 6 km de l'alignement. Mais l'auteur s'obstine:

  Ce qui est curieux et mérite sans doute d'être relevé, c'est que, si l'on tire une droite entre les deux points d'« atterrissage », cette droite ne pas passe pas au-dessus des témoins du col du Chat, mais bien au-dessus de la zone Croix du Nivolet-Challes-les-Eaux où ils ont cru voir évoluer l'engin. Dans ce cas particulier, on constate que ce ne sont pas les hallucinés ou mystificateurs qui s'alignent, mais bien les points réels où ils ont localisé leurs hallucinations ou leurs mensonges.
(Aimé Michel, Mystérieux Objets célestes, Arthaud, 1958, p. 137)

  La troisième carte est déja plus convaincante: trois alignements, avec un grand cigare vertical, à chaque centre, et une chute en feuille morte, en prime.


  Nous y voila! On commence à voir émerger l'embryon d'un réseau.
La quatrième carte nous montre, de même, trois alignements. Mais le chapitre suivant, Le grand jeu, va nous montrer des cartes griffées d'alignements dans tous les sens.

Pierre Mestre aide Aimé Michel à découvrir les réseaux

...ayant rassemblé toute ma documentation sur le 2 octobre, j’entrepris d’en porter les observations sur une carte.
  C'est un travail long et fastidieux. Chaque point représente plus d‘une heure de travail en moyenne. La carte au millioniéme était collée sur un grand tableau, et chaque fois que j‘avais localisé exactement un point d’observation, j'y piquais une punaise jaune, comme les stratéges en chambre suivant le déroulement d‘une bataille.
  La plupart des observations étaient déja couvertes de leur petite tache jaune, lorsque le céramiste Pierre Mestre entra et se mit à considérer la carte en silence. Quand il habite Paris, Pierre Mestre est mon voisin à Montparnasse. Il s'intéresse à mes recherches, et vient régulièrement aux informations. Au premier coup d'œil, les petites taches jaunes (il y en avait plus d'une vingtaine) semblaient faire un joli chaos désordonné à souhait. Cependant, un alignement de six apparaissait avec évidence, joignant Les Rousses, dans le Jura, à l'aérodrome de Maisoncelles, près de Paris, en passant par Dijon, Poncey-sur-Lignon, près de Dijon, Provins, et Voinsles, au sud-est de Paris : six points parfaitement alignés sur une distance de 360 kilomètres. Mestre prit le fil noir qui me servait à lier entre eux les points extrêmes des alignements, et, sans mot dire, le tendit des Rousses à Maisoncelles, où il le fixa. Je le regardai faire et poursuivis mon ennuyeuse étude des cartes locales.
  Quand je me retournai pour fixer la dernière punaise, je contemplai la carte avec stupeur.
  Une dizaine de fils noirs étaient tendus de punaise en punaise, et presque tous passaient par Poncey!

(Aimé Michel, Mystérieux Objets célestes, Arthaud, 1958, p. 174)


  Merci M. Mestre. Ça c'est du réseau.

  Ensuite, Aimé Michel, cafouille un peu. Il hésite entre la théorie des alignements, et celle de la trajectoire. Pour le trois octobre, le passage de son livre relatant les observations de la région du nord, s'intitule: Zigzag sur le pays minier. Et de fait, il imagine une trajectoire en zigzag, en suivant l'ordre chronologique des observations. Mais, sur la carte, il présente un alignement de La Chapelle d'Armentières à Pommiers. Cette carte montre plusieurs erreurs:
  - Pommiers (non montré ici) est déplacé de cinquante kilomètres, et l'alignement s'arrête en fait à Milly la forêt.
  - Le cas de Vron, avec humanoïde, date du premier octobre, et non du trois.
  - Il n'y a pas eu d'observations à St Quentin en Tourmont, et à Amiens non plus.
  Par ailleurs, si Aimé michel avait pu consulter la presse locale, il aurait pu trouver davantage de cas qui lui aurait permis de tracer un réseau propre à la région du nord.

   Partie nord de la carte des observations du trois octobre.

L'orthoténie semble devenir prédictive

  La suite des investigations va amener Aimé Michel à découvrir un réseau encore plus beau: celui du 7 octobre centré sur Montlevic.
  Et ce réseau va lui permettre de jouer à prédire les futures observations:

  Un peu plus tard, 55 kilomètres au sud-est de Ballon et à 35 kilomètres du point de la nationale 23 où les ouvriers de Renault avaient eu leur bizarre aventure, à Lavenay, dans ta Sarthe, plusieurs témoins voient passer une espèce d'oeuf volant lumineux se dirigeant vers le sud-est.
  A partir de ce moment, les observations vont se succéder selon les lois de l'orthoténie. Un observateur idéal qui eût été averti immédiatement des observations que nous venons de lire aurait pu à son tour alerter par téléphone les secteurs ayant le plus de chance d'être visités au cours de ln journée.
  Nous sommes en effet, vers 8 heures du matin, en possession des deux alignements suivants :
  1° Plozevet-Marcillac-Montpezat.
  2° Tremblay-ouvriers Renault-Lavenay.
  De ces deux alignements, le plus sûr, étant donné les détails et la précision des observations au sol, c'est le second. Or, au cours de la journée, nous aurons encore quatre observations sur cette ligne : une à Cherbourg, une à La Ferté-Macé, une à Montlevic, une à Cassis. En tout, sept observations. La ligne orthoténique a exactement 900 kilomètres de long, et voici les écarts observables sur une carte au millionième, si l'on trace la droite entre les deux points extrêmes de Cassis et de Cherbourg :
  — La Ferté-Macé : 2 millimètres (soit 2 kilomètres) : c'est un objet volant vu du sol. Les deux kilomètres d'écart sont donc explicables.
  — Ballon, Tremblay, ouvriers Renault, Montlevic: pas d'écart apparent.
  — Lavenay (également sol-air): environ un kilomètre d'écart.
  Aussitôt averti de l'observation de Montlevic vers la fin de ta matinée, notre observateur idéal n'aurait pas manqué de faire une importante remarque : c'est que ce village, non content de s'aligner avec les observations de la Sarthe, est situé exactement, sans écart appréciable, sur la droite joignant Isles-sur-Suippes à Montpezat. Instruit par le précédent de Poncey, il aurait pu faire le raisonnement suivant : voilà deux beaux alignements qui se croisent, et à leur intersection on me signale un «ballon de football lumineux et vertical » (car telle est la description faite par les témoins de Montlevic). Il y a donc des chances pour que Montlevic soit le centre (ou un des centres) de dispersion de ce jour. Joignons Montlevic aux observations déjà connues, et alertons la chasse aérienne et les brigades de gendarmerie situées sur ces lignes.
  En procédant ainsi, notre quartier général de la chasse aux Soucoupes aurait pu, sinon prévoir le lieu exact des observations ultérieures, du moins préparer les lignes où elles vinrent effectivement s'inscrire.
  — Sur la ligne Reims-Montlevic-Montpezat, une observation à Bournel, à une cinquantaine de kilomètres de Montpezat. Pas d'écart appréciable. Deux témoins : MM. Quinaud et Lasserre, topographes, qui procédaient à un relevé de plan sur le terrain. Ils virent « un engin de forme circulaire évoluant silencieusement dans le ciel en jetant des lueurs rouges et vertes. Il descendit jusqu'à une altitude de 200 mètres, puis disparut en quelques secondes dans une accélération prodigieuse ».
  — Sur la ligne Montlevic-Marcillac, une observation à Corbigny, dans la Nièvre, à 150kilomètres nord-est de Montlevic et Marcillac. À Puymoyen, observation banale. Passons. À Corbigny (écart 3 ou 4 kilomètres, observation sol-air), les témoins voient de nouveau à deux reprises un objet répondant à la description du grand cigare vertical. C'est une espèce de «cylindre » lumineux de faible luminosité, orange dans la position immobile et verticale, et de forte luminosité blanche quand il se met à l'horizontale pour se déplacer. À un moment, deux petits disques sortent du la partie inférieure.
  Alerté par cette description, le G.Q.G. anti-Soucoupe doit s'attendre à un nouveau rayonnement radiant à partir du Corbigny. Les choses se compliquent. Mettons Corbigny de côté pour l'instant et voyons ce qui se passe à Montlevic. A peu près au même moment où les témoins de cette dernière localité voient le « ballon » lâcher ses deux petits disques, des villageois de Saint-Plantaire, à 40 kilomètres environ ouest-sud-ouest, voient à leur tour un objet lumineux traverser rapidement le ciel. Joignons Montlevic à Saint-Plantaire et prolongeons la ligne de part et d'autre. Elle va nous mener à deux observations survenues au cours des heures suivantes : à 19h 45, à Saint-Savinien (Charente-Maritime), un disque lumineux de couleur orange volant à basse altitude, stoppant et repartant «en direction de l'ouest» (la ligne est orientée vers l’ouest-sud-ouest) : écart apparent nul; à Jettingen, près de Mulhouse, un atterrissage assez spectaculaire au cours de la nuit du 7 au 8.

(Aimé Michel, Mystérieux Objets célestes, Arthaud, 1958, p. 241-243)

  Et voila! Des alignements qui traversent toute la france. Une grande étoile comme centre de dispersion. Des atterrissages, des occupants, des effets physiques. C'est vraiment le grand jeu. Et c'est surtout la confirmation de la cohérence et de la prédictivité de la théorie. Du moins pour l'auteur.
  Car quand on sait qu'à Montlevic, on n'a pas vu de grand cigare et que le cas est peut-être un canular, qu'à Hennezis l'engin n'a pas été vu atterrir ni décoller, et que ses occupants étaient habillés comme nous, qu'à Isles sur Suippes, il s'agissait de militaires anglais, que les cas de Bompas et Jettingen ne datent pas du 7 octobre, toute cette construction s'écroule.

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Dernière mise à jour: 28/11/2025