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La découverte de l'orthoténie
Jean Cocteau et les soucoupes volantes
Un esprit brillant comme celui de Jean Cocteau pouvait bien s'intéresser à l'insolite, parce qu'il peut recéler quelque chose d'invisible au commun des mortels. De fait, il s'est intéressé dans les années 50 au problème des soucoupes volantes. En particulier, il avait suivi depuis ce qu'on pouvait en trouver en France, la vague de soucoupes volantes qui avait submergé les états unis en 1952. Lors de la vague de 1954, il s'intéressa aux observations insolites au point de connaitre le cas de Zuitlader, que peu d'ufologues doivent connaitre. Connaissant sa curiosité, Aimé Michel lui envoya son livre, lueurs sur les soucoupes volantes. Cocteau lui envoya en retour son dernier livre, et c'est ainsi qu'ils se lièrent d'amitié. Aimé Michel nous a raconté comment Cocteau l'a influencé:
 Jean Cocteau |
Une autre suggestion me fut faite par Jean Cocteau.
« Il faudrait chercher si ces objets se déplacent sur certaines lignes, s’ils décrivent des dessins, que sais-je? Tu pourrais voir par exemple s’il y a des coincidences entre leurs parcours et les lignes magnétiques terrestres, ou d’autres lignes ayant une signification quelconque. »
...
Cocteau, lui, croyait ces témoins qui disaient avoir vu des engins au sol avec leurs occupants.
« Je ne peux pas te le prouver, mais je sais que c’est vrai», m'écrivait-il.
Ou encore une autre fois, à propos d’un témoignage d'enfant : « Je t'en conjure, informe-toi, fais une enquête approfondie sur ce cas. Ce garçon est sincère.»
(Aimé Michel, A propos des soucoupes volantes, Présence Planète, 1967, p. 52-53)
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Aimé Michel mit plusieurs années pour découvrir les alignements journaliers. En fait, il penchait d'abord, comme Jimmy Guieu, pour l'hypothèse des trajectoires, quand plusieurs observations étaient rapportés dana un court intervalle de temps. C'est ainsi qu'il interprétait l'alignement de cinq observations du 3 octobre, d'Ablain Saint-Nazaire à Pommiers, comme une possible trajectoire d'avion. Malheureusement, il s'était trompé de cinquante kilomètres dans la position de Pommiers. Plus tard, il rajouta une autre observation, celle de La Chapelle d'Armentières, au nord de cet alignement, mais il ignorait que toutes ces observations, sauf celle de Pommiers, n'étaient que des observations de la lune.
Aimé Michel découvre les alignements journaliers
Aimé Michel nous a raconté plus en détails comment il avait découvert les alignements d'observation de soucoupes volantes. Voici ce qu'il en dit dans Science & Vie de février 1958, avant même qu'il ait publié Mystérieux objets célestes, où il expose sa théorie. L'article est peut être même antérieur à la version anglaise Flying Saucer and the Straight-Line Mystery qu'on dit être antérieur à la version française.
 Science & Vie 485e |
 Aimé Michel explique |
Oublions toutes ces soucoupes, et ne retenons qu'une chose : telle personne, à tel endroit et telle date, raconte ceci ou cela. N’existe-t-i] pas, reliant entre eux tous ces récits, des lois qui ne seraient pas les mémes selon que ces récits sont véridiques ou non ?
Poussant plus loin ces réflexions, j'en vins, vers novembre 1956, à des idées un peu plus précises. J’avais alors terminé mon enquête, non que je pusse affirmer avoir contacté tous les « témoins »; mais mes moyens de recherche avaient donné tout ce qu’ils pouvaient donner. Je me rappelai alors un conseil que m'avait donn¢é Jean Cocteau deux ans plus tôt :
— Tu devrais chercher, m’avait-il dit, si toutes ces soucoupes n’obéissent pas à quelque ordre que nos yeux, à premiére vue, ne pourraient soupconner.
Autrement dit, il ne me restait plus qu’a étudier le « comment » des choses.
Il m‘apparut tout d’abord que, si les soucoupes volantes étaient ce qu'on pensait — c'est-a-dire un mélange de phénoménes classiques non reconnus par les témoins (halos, bolides, météorites, ballons-sondes, avions, hélicoptéres, Vénus, Mars, etc.), de mensonges, d’hallucinations et de facéties — la répartition des observations sur une carte devrait étre conforme aux strictes lois du hasard : leur nombre et leur fréquence en un lieu seraient porportionnels par exemple au peuplement, à la limpidité du ciel, à l'enthousiasme du journal local, voire à l’éthylisme de la région, mais ces mêmes observations seraient notées n'importe où. Portées sur une carte, elles offriraient aux yeux le spectacle d'un joli désordre, la densité de peuplement du nord de la France étant sans doute compensée dans le sud par la pureté du ciel et l'imagination méditerranéenne.
Je pris donc une carte de France au millionième, et passai de longues semaines à y repérer exactement tous les récits de mes dossiers.
Quand ce travail fut terminé, je piquai en chaque endroit une punaise de couleur, et contemplai le résultat. Je m'attendais à partir de ce moment à un travail long et à des résultats incertains. Comment apprécier l'enthousiasme relatif de la Dépêche de Toulouse et du Berry Républicain ? Comment tirer des inévitables statistiques un enseignement décisif, comment en soupçonner les lois ?
Le premier coup d'œil confirma mes craintes. Toute la France avait vu des soucoupes volantes. La densité des punaises ne suggérait aucun point, aucune disposition remarquables. C'était bien le chaos irrémédiable prévu par les interprétations les plus sceptiques.
Je ne rapporterai pas ici toutes mes tentatives pour trouver une issue : élimination des cas les plus douteux (mais où commence l'invraisemblable ?), classement à part des observations nocturnes et diurnes, etc., tout cela ne donnant rien. Finalement, ayant épuisé en vain les ressources de mon imagination sur la carte au millionième, je décidai de tout reprendre à zéro région par région.
Des lignes droites sur la France
Et c'est alors qu'étant arrivé à la région comprenant la Bourgogne, le Lyonnais et la Franche-Comté, j'eus pour la première fois l'impression de distinguer quelque chose de singulier, d'anormal. De Poligny jusqu'à un point situé un peu au sud de Gueugnon, en Saône-et-Loire, cinq punaises présentaient une disposition rigoureusement rectiligne sur une distance de 130 kilomètres. Le long de cette ligne se situaient successivement d'est en ouest les observations du Bois de Poligny, de Saint-Germain-du-Bois, de Saint-Romain-sous-Gourdon, de Ciry-le-Noble (Départementale 60), et enfin du Bois de Chazey (Départementale 25).
Très intéressé, je cherchai dans mes dossiers à quoi correspondaient ces observations. Première surprise : toutes étaient datées du même jour, le 14 octobre, et s'échelonnaient dans le temps entre 18 h 30-35 (Poligny) et 19 h 35 (Bois de Chazey).
Deuxième surprise, de taille celle-là : sur ces cinq observations, une à la rigueur pouvait être prise pour un bolide (Poligny) alors que les quatre autres étaient, la première (Saint-Germain-du-Bois) un objet lumineux immobile et posé au sol, la deuxième un objet lumineux immobile, posé au sol, bloquant un moteur et éteignant un phare (Saint-Roman-sous-Gourdon), la troisième un objet lumineux survolant la campagne à vive allure au ras des arbres (Départementale 60), la quatriëme enfin un objet semblable bloquant un moteur et éteignant des phares.
J'étudiai alors cette ligne droite de 130 kilomètres : l'alignement, absolument rigoureux pour le Bois de Poligny, Saint-Germain, Saint-Romain et Chazey, présentait un écart de quelques centaines de mètres pour l'observation de la Départementale 60 : la ligne passait un peu au sud de l'endroit où se trouvait le témoin. Or, précisément, ce témoin déclare que « l'engin le survola légèrement sur la droite (il roulait d'ouest en est : sa droite est donc le sud) à basse altitude, et poursuivit sa route vers l'ouest (exactement l'orientation de la ligne), où il resta visible plusieurs minutes avant de disparaître dans le lointain ».
Pour échapper à une aussi merveilleuse série de coïncidences (car, pour rester fidèle à l'interprétation aléatoire, c'est bien de coïncidence qu'il faut parler), je crus d'abord que cette ligne droite était unique, et qu'on pouvait l'expliquer par le déplacement d’un hélicoptère qui se serait posé à Saint-Germain et à Saint-Romain, les détails trop beaux ayant été ajoutés par des témoins imaginatifs. Mais le fait que tout cela se fût passé le 14 octobre me suggéra ensuite une autre idée : Au lieu de piquer sur ma carte toutes les observations de la saison, pourquoi ne pas essayer de sérier les jours, de ne piquer que les punaises du 14. puis, les ayant ôtées, celles du 15, et ainsi de suite ? Le désordre apparent ne résultait-il pas d'un mélange de plusieurs ordres ? Quelques heures de travail me suffirent à constater que, le 14 octobre, un autre alignement tout aussi rigoureux que le premier apparaissait sur la carte, de quatre observations celui-là : Poligny (déjà sur le premier alignement), Palleau (Saône-et-Loire), Meursanges (Côte-d'Or), et enfin, à 460 kilomètres de cette dernière localité, Méral, dans le département de la Mayenne. Palleau et Meursanges étaient des observations aériennes, Méral était encore une observation au sol...
(SOUCOUPES VOLANTES: l'étrange découverte d'Aimé Michel, Science & Vie, n° 485, p. 29)
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Donc, c'est d'abord par une étude régionale, qu'Aimé Michel découvrit son premier alignement, puis en étudiant chaque cas qu'il s'aperçut qu'ils étaient tours du même jour.

L'alignement de la découverte, de Chazey à Poligny
Maintenant que les cas d'une même journée montraient des alignements, il ne restait plus qu'à étudier la disposition des observations jour par jour, et c'est ainsi qu'Aimé Michel découvrit que la localisation de ces observations formaient sur la carte des réseaux de lignes droites, de plus en plus denses au fur et à mesure que la vague s'étoffait.
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