Le biais de sélection Comment ne pas se laisse tenter par le choix?
Maintenant pourquoi ce nom de "cherry picking" (cueillette des cerises)?. Parce qu'on ne cueille évidemment que les cerises les plus mûres. On pourrait d'ailleurs l'appliquer à d'autres fruits, mais les cerises conviennent bien, puisque les cerises le plus mûres sont les plus rouges, donc les mieux visibles. On sera peut être étonné d'apprendre que ce phénomène, en apparence si banal, soit le moteur effectif de l'ufologie, à ce détail près qu'on ne cueille plus les fruits le plus mûrs, mais, en pratique, les plus pourris. Peut on collecter les non-évènements? Il n'y a guère que dans le film Hercule, avec Fernandel, qu'on l'a fait. Hercule Maffre, nouveau directeur du journal L'incorruptible, décide de ne plus publier de mauvaises nouvelles, et voila ce que ça donne:
Revenons à la (dure) réalité: il faut une observation suffisamment insolite pour constituer un évènement. Du moins en apparence, car la description exacte de la réalité peut n'avoir aucun intétêt. En effet, pour se cantonner aux objets volants non identifiés, cela donnerait parfois des titres comme:
C'est là le résumé d'observations qui ont réellement eu lieu, et qui n'étaient, en fait, que des non-évènements. Cependant grace à de mauvaises conditions d'observation, tous ces objets ont été transformés en objets volants non identifiés, ce qui a permis à leurs observations de devenir des évènements. Comment transformer les non-évènements en évènements. Facile, il suffit de déformer suffisamment les données de l'observation, car même sans manifestations réellement insolites, on peut trouver des observations suffisamment insolites pour figurer dans le journal, à condition, bien sûr, de ne mentionner que l'apparence, et pas la réalité. Sinon cela donnerait:
Ben oui, un mystérieux engin, observé par des gendarmes, c'est tout de même plus insolite que la lune. La récupération des non-évènements par les ufologues. Et voila: une observation ratée, quelle qu'en soit la raison, donnera un récit insolite. Et ce récit intéressera les ufologues, car l'observation d'un phénomène inconnu doit forcément donner un récit insolite. Or les phénomènes inconnus sont justement le saint graal de l'ufologie. Voila pourquoi les ufologues collectent pieusement des observations insolites, même en sachant qu'elles sont souvent pourries, car en les jetant, ils craignent de "jeter le bébé avec l'eau du bain".Mais comment ce biais peut il être le moteur de l'ufologie? A-t-il vraiment pu générer ces milliers de rapports qui remplissent nos bibliothèques? Il suffit de réfléchir au nombre de témoins potentiels: rien qu'en France, il se compte en dizaines de millions. Dès lors, qu'un témoin se trompe - ou soit trompé - une fois sur un million suffit à générer un flux d'observations insolites, qui, même rogné par le défaut de communication, va gonfler nos archives. Donc, une triste constatation s'impose: L'essentiel des rapports d'observation d'OVNI n'est qu'un ramassis d'observations ratées, qui doivent à leur caractère insolite d'avoir été collectées grace au biais de sélection. Et par derrière, on peut faire une remarque importante: S'il n'existait plus aucun phénomène inconnu, on observerait exactement la même chose: un fatras d'observations bizarres, dont certaines seraient trop pourries pour qu'on arrive à comprendre ce qui s'est réellement passé. Et voila! Nous avons trop méconnu l'effet du biais de sélection, qui a produit un volume de données qui n'étaient que le reflet de notre propre intérêt. Nous nous sommes intéressé directement aux propriétés des objets apparemment insolites, alors qu'aucune science ne peut étudier des objets, pas encore identifiés. Nous n'avons pas compris que l'ufologie n'étudie pas les onjets non identifiés, mais seulement leurs observations. Et malheureusement, il n'y a pas vraiment besoin de phénomènes inconnus pour expliquer la genèse de toutes ces observations.
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