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Les précurseurs de la diagrammomanie
Découvrir un ordre caché dans le désordre, c'est le rève de tous les chercheurs parallèles et perpendiculaires. Voila pourquoi de nombreux chercheurs se sont évertués à trouver des structures géométriques, là ou le vulgum pécus ne voyait qu'un hasard confus. C'est la diagrammomanie. L'orthoténie est dans ce cas de figure. Mais avant elle, d'autres chercheurs, et parfois des savants estampillés à l'académie des sciences, avaient eux aussi gouté à ce fruit défendu.
1852 Elie de Beaumont et son réseau pentagonal
 Elie de Beaumont | Sorti major de l’École polytechnique, Elie de Beaumont étudia la géologie à l’école des mines. En 1835 il y devint professeur, puis devint ingénieur en chef des mines (1833), puis inspecteur général (1847), et enfin vice-président du conseil général des mines (1861). Professeur au Collège de France en 1832 à 1874, il fut élu à l’Académie des sciences. sénateur à vie en 1852, il devient secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences à la mort de François Arago.
Adepte du fixisme des espèces, il combattit la théorie de Jacques Boucher de Perthes, la contemporanéité de l'Homme et d'espèces animales disparues « antédiluviennes ». Jusqu’à sa mort en 1874, il refusa de se rallier aux idées nouvelles et son dogmatisme pesa de tout son poids contre cette reconnaissance.
Ce mandarinat ne l'empécha tout de même pas de rendre service à la science par sa carte géologique de France au 1/500 000e (1841).
Pour lui, la régularité spatiale des chaînes de montagnes s'expliquait par la contraction thermique de la Terre, dont le refroidissement devait produire plis et fronces. Mais ce refroidissement était discontinu, déterminant des époques orogéniques, entrainant des phases de plissement, qui expliquait la régularité spatiale des chaînes de montagnes. Aujourd'hui, bien sûr, après la découverte de la radioactivité des roches et celle de la dérive des continents, cette théorie n'a plus cours.
Formulant l'hypothèse que toutes les chaînes de montagnes parallèles au même grand cercle de la Terre ont le même âge, il en dégagea l'idée d'un réseau pentagonal tracé à la surface du globe terrestre. L'idée de ce réseau lui vint en comparant les directions des différentes chaines observées depuis le Binger Loch, qui n'est pas une montagne, mais un point de passage du Rhin.
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Remarquant que ces directions ne se distribuaient pas uniformément, mais semblaient s'agglutiner, il en déduisit une structure pentagonale, au moins pour l'europe. Mais on aurait pu étendre cette structure à la terre entière en l'imaginant comme un dodécaèdre.
 Elie de Beaumont, Notice sur les systèmes de montagne, t. 3, 1852, pl.V, p.1352
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Evidemment, il aurait eu quelques difficultés à appliquer ce système à l'océan Pacifique
1908 Camille Flammarion en pleine paréidolie
Lorsque la photographie d'une opulente plage céleste est mise sous nos yeux, la première impression produite par l'aspect général de ces milliers d'étoiles est qu'elles sont jetées au hasard sur le fond noir de l'infini comme des grains de sable disséminés sans ordre, et sans loi directrice. D'ailleurs nous ne voyons l'univers étoilé que dans l'erreur d'une perspective sans bornes. Ces points lumineux, de diverses grandeurs, loin de former un tableau plan vu de face, se succèdent à toutes les distances, et il nous est impossible d'en deviner la véritable architecture. Je n'en aurai pas la prétention ce soir. Mais, il me parait intéressant de faire remarquer que ces photographies sidérales examinées avec attention nous donnent un premier enseignement, à savoir que les étoiles ne sont pas du tout disséminées au hasard dans l'immensité des cieux: elles montrent des alignements, des séries, des arrangements, indiquant l'oeuvre de forces formidables qui les distribuent suivant des courants dont nous pouvons découvrir quelques indices très clair.
 
Si nous examinons une autre photographie (fig. 109), par exemple, celle d'une région de la voie lactée, à l'est de l'étoile α du Cygne, nous remarquerons surtout les grandes différences de tons, indiquant une distribution systématique de la poussière lumineuse.
(Camille Flammarion, L'UNIVERS CONSIDÉRÉ COMME ORGANISME ET LES COURANTS D'ÉTOILES, Bulletin de la Société Astronomique de France, juin 1908, p.249)
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il est indéniable que les courants stellaires existent, mais il parait imprudent de prétendre les repérer à simple vue sur une carte qui fourmille d'étoiles en reliant simplement les étoiles dont les images sont proches, alors qu'on ne connait pas leur distances réelles. Cela s'apparente bien plus à de la paréidolie qu'à de l'astronomie.
1925 Alfred Watkins et les leys
 Alfred Watkins |
Le britannique Alfred Watkins (1855 – 1935), né à Hereford, se fit d'abord connaitre comme apiculteur, photographe et inventeur. On lui doit en particulier un posemètre photographique, le Watkins Bee Meter, qui fut utilisé pendant 40 ans. Quant à son manuel d'accompagnement, il connut onze éditions.
Mais il se fit aussi connaitre, dans le domaine de l'archéologie, par sa théorie des "leys". En 1921, traversant à cheval des collines près de Blackwardine, dans le Herefordshire, il note que de nombreux sentiers semblent relier une colline à l'autre selon une ligne droite. Il y voit alors la trace de routes préhistoriques: les "ley lines". L'Angleterre d'autrefois aurait été traversée par un réseau de routes droites, utilisant des points particuliers du paysage, comme des repères.
En 1922, il décrivit sa théorie dans un livre, Early British Trackways, puis il la systématise en 1925 dans The Old Straight Track.
Continuant dans cette voie, il publia en 1927 The Ley Hunter's Manual, où il inspira à de nombreuses autres personnes d'explorer la topographie et l'histoire ancienne du paysage britannique, en leur fournissant un guide de terrain.

les leys formaient un enchevètrement sur la carte.
Ainsi des sites préhistoriques auraient été reliés entre eux par des routes inconnues des historiens. Les archéologues et les géographes n'acceptèrent pas ses idées. Cependant ses idées furent reprises dans les années 60 (l'époque du réalisme fantastique) par John Michel, qui les matina de concepts parascientifiques, absents des livres initiaux.
1936 Xavier Guichard et les alignements centrés sur Alaise
 Xavier Guichard |
 son livre (1936) |
Né de père inconnu en 1870, Xavier prit le nom de sa mère, Anne Françoise Octavie Guichard. Engagé à 18 ans dans l'Infanterie de Marine, il eut l'occasion de voyager jusqu'en Nouvelle-Calédonie. Il entra dans la police de Paris en 1892, et gravit les échelons. Chef de la sureté en 1912, il mena l'assaut contre le fameux Jules Bonnot. Il finit par devenir directeur de la police judiciaire en 1930. Il prit sa retraite en 1934.
Il occupait ses loisirs à étudier la civilisation européenne pré-Celte, à travers la géométrie sacrée et la géographie sacrée.
Son ouvrage Eleusis Alesia. Enquête sur les origines de la civilisation européenne (1936) tentait de démontrer, à partir de toponymes récurrents qu'il a estimé être apparentés à celui d'Alésia, que les peuples gaulois de l'âge du bronze avaient inventé la géométrie du cercle, et possédaient des connaissances proches de celles de l'époque moderne.
On peut tout de même douter de la science de Xavier Guichard quand on lit des âneries comme:
La ligne Calais-Calice, prolongée vers le sud, aboutit, en Corse, au petit port de Aliso. Ce nouveau jalon de la ligne qui, repérée par des lieux alésiens, traverse la France, est inattendu car le bras de mer qui sépare la Corse du continent mesure cent cinquante kilomètres de largeur : mais les montagnes qui avoisinent Calice et celles qui sont proches d'Aliso ont plusieurs centaines de mètres d'altitude et si le cap Corse est, le jour, rarement visible des hauteurs de Calice, les feux allumés la nuit sont, au contraire, perceptibles de l’un et l’autre site. Lo vitesse de la propagation de la lumière fut d'ailleurs, on le sait, déterminée dans cette région même, vers 1850, par Fizeau, à l’aide de miroirs tournants qui réfléchissaient des feux allumés sur la côte de Ligurie et sur la côte de Corse.
Note: On le sait? Ben non, on ne le sait pas: Fizeau a fait ses mesures en région parisienne à l'aide d'une roue dentée, et non au cap corse. C'est Foucault qui a utilisé un miroir tournant, mais en 1850 il n'a fait que montrer que la lumière se déplaçait plus vite dans l'air que dans l'eau. C'est en 1862 qu'il fit une mesure précise, et ce n'était pas au cap corse, et encore moins en réfléchissant des feux allumés sur la côte. Non seulement Xavier Guichard n'y connait rien, mais il a fait confiance avec beaucoup de naïveté à une source ignorante.
(Xavier Guichard, ELEUSIS ALESIA, Abbeville, F. Paillard 1936, p.114)
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Le livre, consacre 65 pages à décrire des communes dont le nom évoque, de près ou de loin, celui d'Alésia, à commencer par Alaise et Alise Ste reine, les deux principles candidates à être l'Alésia de Vercingétorix. Il ajoute que les Alésias étaient toujours installées autour d'une source saline, le sel étant indispensable à la vie animale.
Puis il attaque le problème des "itinéraires alésiens". Ce sont des alignements de toponymes dérivés d'Alésia, qui se recoupent sur le mont Poupet, près de la commune d'Alaise. Il produit des centaines cartes à l'appui, bien que ne présentant aucune carte de synthèse pour les alignements toponymiques, ce que fera André Vinard dix-neuf ans plus tard.

les lignes Aliseda-Kalisz et Calais-Calice. De vrais grands cercles terrestres.
On peut tout de même remarquer qu'il aurait été plus honnête de faire le même travail, centré sur Alise Ste Reine, et pas seulement sur Alaise.
D'autre part, faire dériver tout ces toponymes d'Alésia parait assez capillotracté. En particulier pour Versailles, qui est mentionné 34 fois, alors que, selon Wikipédia, le nom de la localité est attesté sous les formes Versalliis en 1038, Versalias en 1075, Versliæ en 1095, Versaliae en 1308, et Versailles en 1370. Il remonterait ultimement à un type gallo-roman VERSALIAS, basé sur le radical VERS-, de versus, suivi du suffixe -ALIA. Rien à voir avec Alésia, donc.
L'auteur recense 24 alignements toponymiques, dont il va essayer de démontrer qu'ils ne sont pas dus au hasard:
Tout d’abord il était nécessaire de vérifier si des coïncidences dues au hasard suffiraient à expliquer l’alignement de certains noms de lieu. Cet examen, fort aisé, permit de constater qu'aucune ligne droite ne peut être déterminée sur la carte par des lieux portant le même nom, si fréquemment que ce nom soit employé en Europe. Il en est ainsi, notamment pour les noms formés à l’aide des mots « bourg » ou « ville » et des mots « mont » ou « berg » qui sont plus nombreux encore que les noms alésiens. On en trouve parfois trois, rarement quatre, il n’en a jamais été trouvé cinq qui soient, sur le sol de l’Europe, disposés en ligne droite. Mais, surtout, les fragments d’alignement ainsi obtenus ne sont jamais systématiquement orientés.
Note: Ici, il faut croire l'auteur sur parole. Alors qu'il donne des centaines de cartes pour ses alignements toponymiques, il n'en donne aucune pour le test qu'il vient de citer.
(Xavier Guichard, ELEUSIS ALESIA, Abbeville, F. Paillard 1936, p.110)
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L'auteur relève aussi quatre alignements astronomiques, équinoxiaux et solsticiaux. Ces quatre alignements ne sont plus centrés sur le mont Poupet, mais sur Myon. De plus il relève aussi les toponymes alésiens, situés sur les parallèles, de degré en degré, mais aussi sur les méridiens, avec celui d'Alaise comme origine, bien sûr.

C'était bien la peine de se chamailler pour le choix du méridien origine. Oubliez, le méridien de Greenwich, oubliez celui de l'île de fer, celui de Paris, celui de Jérusalem et celui de Gizeh. Le seul, le vrai, l'unique méridien serait celui d'Alaise.
Voila qui prouverait qu'à la période Alésienne, on savait parfaitement mesurer les latitudes (relativement facile par l'examen des étoiles), mais aussi les longitudes, ce qui nécessite des horloges précises et fidèles.
Nous verrons plus loin quelques critiques détaillées à propos de la carte d'André Vinard
En attendant, devant cet ouvrage de 556 pages, orné de 555 cartes, il faut bien reconnaitre que Xavier Guichard était un diagrammomane de première grandeur.
1948 Pierre Devaux mentionne les alignements de Xavier Guichard
Pierre Devaux, à la fois vulgarisateur, et écrivain de Science-fiction, n'hésitait pas à mélanger un peu les deux domaines, et c'est ainsi qu'il nous sortit un roman assez ébouriffant, ou les ancêtres des gaulois se seraient rendus sur Vénus. Il décrit ainsi une séance à l'académie des inscriptions et belles lettres, où le professeur Malappert rappelle la théorie de Xavier Guichard.
 le roman |
 Pierre Devaux |
Vous n’ignorez pas, Messieurs, qu’un vaste réseau d’« alésias » couvre toute l’Europe occidentale d’une étrange « toile d’araignée » datant de la Préhistoire. (Les Académiciens hochent la tête d’un air de dire : « Non, non, nous n’ignorons pas !») Oui, cette ville historique, que la tradition place à Alise Sainte-Reine, dans la Côte d’Or, cette Alésia n’est point unique. Elle s’est multipliée sous le pic des archéologues au cours des fouilles, puis sous le crayon des cartographes : et c’est tout le territoire français, avec une bonne part des pays avoisinants, qui est aujourd’hui criblé du nom légendaire ! (« Broums ! broums ! approbateurs. Deux huissiers gravissent les marches et suspendent derrière l’orateur une immense carte d’Europe balafrée de traits formant une étoile.)
Le nom d’Alésia se retrouve en France sous des formes variées : Alise, Alaise, Aizieux, Alyès, Allièzes, les Allys, les Alyscamps d’Arles. On le retrouve très authentiquement dans Calais, Clés, Calaize, Calice, et dans Versailles… (On entend un « Hum !» sonore sur les gradins supérieurs) ; je dis bien Vers-Alésia, mes chers Collègues, m’appuyant sur les travaux de Georges Blond et de Xavier Guichard, que personne ne songera à discuter ici.
Messieurs, il y a en France 33 Versailles, savoir un dans l’Ain, l’Allier, l’Aude, les Bouches-du-Rhône, le Doubs, le Jura, le Lot-et-Garonne, la Meuse, la Nièvre, le Nord, la Seine-Inférieure, la Vienne, deux dans l’Aveyron, la Haute-Marne, le Tarn, le Vaucluse et trois dans le Cher, la Dordogne, la Haute-Garonne et la Lozère… outre un Versailleux dans l’Ain, un Verzeille dans l’Aude et trois Verselle dans l’Aude, la Vendée et l’Allier ! (Une voix interrompt : « Vous oubliez le Versailles de Louis XIV !»)
« Je l’oublie si peu, mon cher collègue, que c’est précisément à Versailles – Versailles-Paris – que je vais vous convier à m’accompagner dans quelques instants !… Jetez les yeux sur cette carte : ces lignes rigoureusement droites ont été tracées en joignant des localités portant les noms, plus ou moins déformés, d’alésias. Voici la ligne « Espagne-Pologne », qui part de la Aliseda, franchit les Pyrénées, passe à Aizieux l’Allée, à Eauze, embroche Calés, Calais, Alès, perfore les Allis près de Rocamadour, le Calais Puy-de-Dôme, Montalays, Alaise du Doubs… et va finir à Kalisz en Pologne !
Voici maintenant la ligne Calais (chef-lieu de canton du Pas-de-Calais), Aizecourt, Alaize-du-Doubs, qui finit à Calice, en Italie. Voici une ligne qui nous touche de près : Versailles Seine-Inférieure, Alisay, Montalet (MontAlésia), Versailles-Paris, Alaise du Doubs, Leyzin en Suisse, avec son terminus à Alessio à l’extrémité de l’Italie, en Calabre.
Toutes ces lignes sont droites. Inexplicablement droites, si l’on songe qu’elles furent tracées par des hommes préhistoriques. J’ajoute qu’on ne peut parler de coïncidences : aucune ligne droite ne peut être tracée sur la carte d’Europe de façon à traverser plus de trois villes – quatre au maximum – portant le même nom… même très répandu, tel que les noms en « ville », en « bourg », en « mont » ou en « berg ». Seuls, les Alésias jalonnent des lignes droites – des lignes voulues, Messieurs – divergeant en une gigantesque étoile européenne autour de ce point précis, Alaise, située sur un plateau tragique à 18 km au sud de Besançon, Alesia Mandubiorum, la seule, la vraie Alésia, d’où devait partir la revanche des Gaules !
(Pierre Devaux, L'exilé de l'espace, Magnard, 1948, ch. III)
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Pierre Devaux, rapporte la théorie de Xavier Guichard comme une théorie scientifique, du moins, par la voix du professeur Malappert. Mais lui a l'excuse d'écrire une fiction.
1955 André Vinard publie une carte de synthèse
Xavier Guichard avait parsemé son livre de diverses figures montrant chaque alignement, mais pas de carte globale en faisant la synthèse. C'est André Vinard qui va le faire dans un intéressant résumé de la théorie de Guichard, qui, bien sûr, souffre des mêmes objections.
 Miroir de l'histoire N° 70 |
En marge de la «Querelle» d'Alésia.
...
Alesia Mandubiorum, nous dit Jules César, occupait un tertre presque entièrement entouré par des cours d’eau.
Or, toutes les localités qui ont été présentées comme pouvant s'identifier à celle-ci sont construites dans un site semblable. Bien plus, tous les centres qui, dans les temps anciens, ont porté le nom d’Alésia — la linguistique, science exacte, permet d’en dresser, sans erreur, la liste — sont isolés en presqu’iles par des rivières.
M. Guichard a identifié, en Europe, 205 « Alésias ». Elles constituent des « cantons » dans lesquels sont groupées 430 localités qui, étymologiquement, se répartissent ainsi :
382 portent des noms dérivés d’Alésia ou d’Eleusis (1).
47 portent les noms de Versailles, Verseille, Verceil ou Vercelle.
15, ceux de Myon, Mions, Millon, etc.
22, enfin, ceux de Millières, Milliaire, Meilen, Millario, etc.
Les lieux dits s’y appellent Calais, Cales ou Calis et les rivières l’Oze, l'Ozerain, le Lizon, l’Alzon ou l'Orbize. Dans tous les « Alésias » on trouve une source minérale et dans tous ceux où des fouilles ont été effectuées on a mis au jour des vestiges préhistoriques.
...
LES LIGNES DE DIRECTION
Arrêtons là ces exemples et étudions, avec M. Guichard, la disposition, sur la carte, de ces sites.
28 lignes de direction convergent vers Alaise. Elles appartiennent à deux systèmes différents d’orientation. Si 24 d’entre elles n’ont aucun rapport avec l'astronomie, les quatre autres sont basées sur la position qu’occupe le soleil tous les jours à midi et, selon les saisons, à son lever et à son coucher.
Tous les sites « alésiens » se trouvent sur ces ligues (1).
(1} Aucune ligne droite ne peut être déterminée sur la carte par des lieux portant le même nom, même si celui-ci est fréquemment employé.
Note: Il serait bien étonnant qu'on ne trouve aucun alignement de toponymes identiques, alors qu'on trouve des alignements de points disposés au hasard sur la carte. Il serait plus honnête de dire que les auteurs n'ont pas essayé d'en trouver, tout comme ils n'ont pas essayé de tester une convergence vers Alise Ste Reine.
Portons maintenant, sur la carte, les lignes qui, parties du pôle, divisent la terre en degrés de latitude. On retrouve sur celles-ci 39 « Alésias », cinq « Calais » et un Saint-Myon.
Au tour, maintenant, des longitudes. Elles sont jalonnées par 49 « Alésias », 6 Calais, 3 Versailles.
Note: Tout ceci est asséné doctoralement, et tendrait à démontrer que nos lointains ancêtres pré-Celtes savaient mesurer Latitudes et longitudes. Mais qui a vérifié? Par exemple la carte mentionne un Versailles à 47° de latitude nord et à 6° à l'est d'Alaise, soit -0.02679°, mais on n'y trouve aucun Versailles. Même échec si nous cherchons le Versailles à la même longitude, mais à plus de 49° de latitude.
LES « RELAIS DE DISTANCE »
Passons, maintenant, aux « relais de distance ». Tous les « Millières » ou « Milliaires » trouvés dans les « Alésias » sont éloignées de Myon, dans l’« Alésia » d’Alaise, de distances qui, comptées en kilomètres, ont toutes, comme commun diviseur, le nombre 18.518.
Qu'est-ce que 18 km, 518 ? C'est la longueur, multipliée par cent, du stade olympique des Grecs, qui égalait (à l'insu de ceux-ci, car ils ignoraient la géodésie) la six-centième partie du degré terrestre). L'unité de mesure « alésienne » correspond donc au sixième du degré.
Note: Les grecs auraient donc fait leur stade de 1/600 degré, tout en ignorant la valeur du degré. C'est fort! De plus, il y a avait en réalité un stade par cité grecque, ce qui rend difficile la traduction en km de la valeur de la circonférence terrestre trouvée par Eratosphène, exprimée en stades, car on est pas sûr du stade qu'il a employé. Le stade égyption aurait mesuré 158 m, le stade grec le plus court, celui de Corinthe, 165 m, celui d'Olympie, 192 m, et celui de Pergame 210 m. Il se dit que le stade grec aurait fait 600 pieds. Le pied en question étant supposé être celui d'Héraklès, ce qui, à Olympie, faisait chausser du 48 à Héraklès, et à Corinthe, du 41 seulement.
Quelques exemples : les Millières, dans l’Alésia d’Allix près d’Izernore (Ain) : cinq stades de Myon ; Millières, dans l’Alésia d’Aise (Haute-Savoie), six stades (ou un degré) de Myon ; la Millière, dans l'Alésia d’Ally (Cantal), 18 stades (3 degrés) ; Milario, dans l’Alésia d’Alzonne-Lexos (Tarn-et-Garonne), 24 stades.
Au Portugal : Milheros, dans l'Alésia de Portus-Cale (Porto) et Abjo, 72 stades (12 degrés), etc.
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Une remarque : si les lignes de latitude sont exactement établies, les intervalles qui séparent les longitudes ne sont que de 58 degrés et demi. Les causes en tiennent probablement à ce que certains éléments de mesures astronomiques dont tient compte la science moderne étaient ignorés de nos mystérieux géographes.
Note: Il faut probablement comprendre: 58 minutes et demi. Mais c'est aussi un aveu de l'ignorance de ces prétendus savants anciens.
UNE TRÈS VIEILLE SCIENCE
Et maintenant, que conclure de cette somme de constatations troublantes ? A quoi correspondent ces alignements ? Dans quel but furent-ils conçus ?
À ces questions, aucune réponse ne peut être faite. En 1787, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres avait, comme sujet de concours, demandé aux candidats de comparer Strabon à Ptolémée et de déterminer l’état où ils avaient trouvé les connaissances géographiques et le point où ils les ont portées. L’un des concurrents, Gosselin, savant réputé, qui s'était voué à l’étude de l’histoire et de la géographie ancienne, prit part au concours et conclut :
… «les bases de la carte de Ptolémée, reconnues et ramenées aux mêmes principes que celles des cartes d’Eratosthème et de Strabon par un moyen simple et uniforme, nous paraissent composer une suite de preuves incontestables que les unes et les autres sont liées à des données communes, que ces données ne peuvent être l’œuvre des Grecs, puisqu'ils les ont méconnues et altérées et qu’il faut en conclure qu’elles présentent les débris d’une science parvenue à sa perfection dans des siècles antérieurs aux monuments historiques qui nous restent (1)... »
(1} Il est de fait que c’est seulement à la fin du XVIIIe siècle que les hommes de science purent, de nouveau, mesurer un arc du méridien terrestre, travail que, voici des milliers d'années, des savants inconnus avaient, à maintes reprises, réalisé.
Rappelons, d’autre part, que toutes les mesures employées par les Européens, avant l’époque historique (stade grec, mille latin, leuk gauloise) constituaient des subdivisions d’un degré du méridien, strictement mesuré... Quels instituts enregistrèrent sur la marche des astres des observations si précises que leur confrontation permit plus tard à Hipparque (ire siècle avant J.-C.) de découvrir le phénomène de la précession des équinoxes qui modifie de moins d’une minute par an la durée du temps sidéral ?
Note: Nous avons vu que les stades grecs étaient différents. Quant au mille latin, il s'agit d'un millier de pas. Cette légende de la connaissance du degré de méridien vient peut être d'une émule de Louis Dutens, l'auteur de l'Origine des découvertes attribuées aux modernes. Et ce ne sont pas les registres d'instituts imaginaires qui permirent à Hipparque de découvrir la précession des équinoxes, mais la comparaison des longitudes écliptiques de certaines étoiles avec celles données par Timocharis, qui permit à Hipparque de découvrir la précession. Mais la médiocre précision des instruments, et la base de temps trop faible lui firent assigner à la précession une valeur de 36" par an, au lieu de 50.
Pour en revenir aux « Alesias », on peut supposer qu’elles eurent toutes la méme destination dans le régime sociologique qui vit s’ébaucher la civilisation européenne.
PRECISIONS PHILOLOGIQUES ...
La philologie nous donne, a ce sujet, une indication précieuse : dans toutes les anciennes langues indoeuropéennes (sanscrit, gothique, lithuanien, grec, latin, etc...). Ales, Alis, Allez signifie, réunion-collectivité. Les Alyzies des Grecs étaient des fêtes agricoles. Rhea-Cybile présidait aux mégalyzies et Thallo aux thallyzies.
Etaient-ce des sanctuaires où s’assemblaient les peuples? Le point pris pour centre jouissait-il d’une suprématie politique ou religieuse? ou bien était-il le lieu d’origine des créateurs du système? ou encore constituait-il le centre géométrique de régions unies par une même civilisation?
Si ces questions restent sans réponse, on peut toutefois noter que la situation de cet « Alesia », sur le 47° degré, est exceptionnelle : son zénith s’inscrit dans le ciel à une distance du zodiaque (1), égale a celle qui sépare le Zodiaque de !’équateur, 23°30.
(1) Le Zodiaque avait, dans ]’astronomie primitive, une importance quasi-religieuse qu’il garda jusqu’a nos jours pour les astrologues.
On peut noter, a ce sujet, que la plus ancienne figure connue du zodiaque, tracée sur un disque de pierre trouvé en Egypte — sur le 30° degré — reproduit les constellations telles qu’elles apparaissent sur le 47° degré...
Note: C'est complètement faux. S'il s'agit bien du zodiaque de Denderah, qui date de l'époque Ptolémaïque, il montre des constellations australes, absolument invisibles sous une latitude de 47°.
...
André VINARD.
(André VINARD,En marge de la «Querelle» d'Alésia, Miroir de l'histoire, N° 70, novembre 1955, p. 620-624)
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 Alignements en étoile à partir d'Alaise |
On peut s'étonner, quand on est du Nord, de trouver un Versailles dans le département. Il faut bien chercher pour découvrir, sur la commune d'Ors (qui a la même code postal que la notre) un lieu dit, le petit Versailles, qui selon le dictionnaire des Postes de 1905, est un hameau de 11 habitants. On le trouve sur la carte de Cassini, mais on peut douter qu'il ait existé à l'age du bronze.
De plus, il y aurait 47 toponymes apparentés à Versailles, alors que le livre de Xavier Guichard ne mentionnait que 34 Versailles (et 2 "Versaille"), que le dictionnaire des Postes et des télégraphes de 1905, qui renseigne tous les lieux dits, n'en connait que 15, et que le dictionnaire national des communes de France de 1970, n'en connait qu'un seul!
Ces alignements de toponymes sont donc suspects, mais reconnaissons que cette étoile à une autre allure que les étoiles Michéliennes.
On a soupçonné qu'Aimé Michel se soit inspiré de l'exilé de l'espace, de Pierre Devaux. On pourrait bien plus soupçonner qu'il se soit inspiré de la carte parue dans Miroir de l'histoire de novembre 1955. Cependant, à l'en croire, il découvrit l'alignement en étoile, par l'entremise du céramiste Pierre Mestre, sur la carte des observations du 2 octobre 1954.
| Dernière mise à jour: 04/12/2025 |
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